Le harcèlement sexuel

Rédigé le 12/07/2024

Selon l’enquĂŞte par questionnaire menĂ©e par l’IFOP en 2019 dans cinq pays europĂ©ens, près d’une Française sur trois (30 %) a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© harcelĂ©e ou agressĂ©e sexuellement sur son lieu de travail au sens juridique du terme, soit une proportion quasi identique Ă  celle mesurĂ©e par l’IFOP en janvier 2018 (32 %) sur une catĂ©gorie de travailleuses très similaire. Les violences sexuelles et sexistes peuvent ĂŞtre le fait de supĂ©rieurs hiĂ©rarchiques, de collègues n’exerçant pas d’autoritĂ© hiĂ©rarchique ou encore de personnes extĂ©rieures Ă  l’entreprise (clients, fournisseurs, etc.). Vous n’êtes responsable ni des actes commis ni des propos tenus Ă  votre encontre. Parlez-en, faites-vous aider, il est possible d’agir. Pour plus d’informations, consultez le guide de Solidaires Â«â€‰Agir syndicalement contre les violences sexistes et sexuelles au travail »


Quelle définition du harcèlement sexuel ?


Selon le code pĂ©nal, le harcèlement sexuel est un dĂ©lit qui peut revĂŞtir deux formes :

  • des propos ou comportements Ă  connotation sexuelle ou sexiste non dĂ©sirĂ©s et rĂ©pĂ©tĂ©s ;
  • une pression grave dans le but, rĂ©el ou apparent, d’obtenir un acte de nature sexuelle en contrepartie d’une embauche, d’une promotion, d’une prime…

D’un côté, il y a la répétition d’actes de harcèlement qui peuvent être des propos ou des comportements et qui surviennent au moins à deux reprises. De l’autre, il y a un seul acte. Le non consentement de la victime est déterminant dans la définition du harcèlement sexuel.

Par propos et comportements Ă  caractère sexiste ou sexuel, on entend par exemple :

  • des propos et plaisanteries Ă  caractère sexiste ou sexuel, des remarques ou commentaires sur le physique, la tenue vestimentaire ;
  • des gestes dĂ©placĂ©s, des frottements ;
  • l’envoi de courriels ou l’affichage d’images Ă  caractère sexuel ou Ă©rotique.

Le harcèlement sexuel ne se définit pas uniquement par l’objectif poursuivi par son auteur (obtenir des faveurs sexuelles), mais aussi par les conséquences du comportement sur la victime. Ces comportements ou agissements doivent ainsi soit porter atteinte à la dignité de la victime en raison de leur caractère humiliant ou dégradant, soit créer à l’encontre de la victime une situation intimidante, hostile ou offensante qui rend insupportables ses conditions de travail.

La définition donnée par le code du travail diffère de celle du code pénal, en cela qu’elle ne mentionne pas les propos et comportements à connotation sexiste.


Un viol et une agression sexuelle, c’est quoi ?


Le viol est un crime, défini pénalement (art. 222-23) comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace et surprise ».

Une agression sexuelle est un délit, défini pénalement (art. 222-22) comme « toute atteinte sexuelle commise sur une victime avec violence, contrainte, menace ou surprise » (des attouchements, par exemple).


Quelle protection des victimes et des témoins de harcèlement sexuel ?


Sont interdits toute sanction ou tout licenciement prononcés à l’encontre du/de la salarié·e victime ou témoin. Est également interdite toute mesure discriminatoire, directe ou indirecte, concernant le reclassement, l’embauche, la rémunération, la formation, l’affectation, la qualification, la classification, la promotion professionnelle, la mutation.

Bénéficient de cette protection les candidat·e·s à un emploi, à un stage ou à une période de formation en entreprise et les salarié·e·s. Ils/elles sont protégé·e·s à l’occasion de l’embauche et tout au long de l’exécution du contrat de travail ainsi que lors de sa rupture. La protection s’étend au/à la salarié·e qui a subi ou refusé de subir un harcèlement sexuel, ainsi qu’à celui ou celle qui a témoigné de ces faits ou les a relatés.

Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes parce qu’elles ont subi ou refusé de subir des faits de harcèlement sexuel ou témoigné de tels faits, y compris si les propos ou comportements n’ont pas été répétés.


Quelles obligations de prévention ?


Il appartient à l’employeur de prendre toutes les dispositions nécessaires en vue de prévenir les agissements de harcèlement sexuel. L’employeur est ainsi responsable des agissements de ses salarié·e·s, sauf s’il justifie avoir pris toutes les mesures de prévention nécessaires, et que informé de faits susceptibles de constituer un harcèlement, il a pris les mesures immédiates propres à le faire cesser.

L’affichage des définitions du harcèlement sexuel est obligatoire sur les lieux de travail, dans les locaux ou à la porte des locaux où se déroule l’embauche. Le règlement intérieur, obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salarié·e·s, doit rappeler l’interdiction du harcèlement sexuel et des agissements sexistes, ainsi que la procédure à suivre par les victimes et les témoins.

Les services de santé au travail peuvent intervenir, notamment sur les dispositions et mesures nécessaires pour prévenir le harcèlement. L’inspection du travail est également compétente pour intervenir.

Les Ă©lus au comitĂ© social Ă©conomique (CSE) peuvent exercer leur droit d’alerte en prĂ©sence de faits de harcèlement sexuel. Depuis le 1er janvier 2019, le CSE doit dĂ©signer parmi ses membres un·e rĂ©fĂ©rent·e en matière de lutte contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes, quel que soit l’effectif de l’entreprise. Ce ou cette rĂ©fĂ©rent·e doit bĂ©nĂ©ficier d’une formation en santĂ©, sĂ©curitĂ© et conditions de travail.


Quel rôle des organisations syndicales, des associations ?


Soutien, accompagnement dans la constitution du dossier, orientation vers les associations compĂ©tentes… L’important est de casser l’isolement et la culpabilitĂ©, deux Ă©lĂ©ments fondamentaux qui permettent au harceleur de dĂ©truire la victime : aussi, il ne faut pas hĂ©siter Ă  prendre contact avec les militant·e·s syndicaux.

Une organisation syndicale représentative dans l’entreprise, avec l’accord écrit du/de la salarié·e, peut engager à sa place une action devant le conseil de prud’hommes et se porter partie civile devant le juge pénal. Une association, avec l’accord écrit du/de la salarié·e, peut agir devant la juridiction pénale.


Quelles sanctions à l’encontre de l’auteur de harcèlement sexuel ?


Toute personne qui commet des actes de harcèlement sexuel encourt le risque d’être poursuivie devant la juridiction pénale à l’initiative du Parquet. La plainte peut être déposée auprès du procureur de la République, du commissariat de police, de la gendarmerie ou du doyen des juges d’instruction du tribunal judiciaire.

Les faits de harcèlement sexuel sont punis de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 â‚¬ d’amende. Ces peines sont portĂ©es Ă  trois ans d’emprisonnement et 45 000 â‚¬ d’amende lorsque les faits sont commis « par une personne qui abuse de l’autoritĂ© que lui confèrent ses fonctions ; sur un mineur de quinze ans ; sur une personne dont la particulière vulnĂ©rabilitĂ©, due Ă  son âge, Ă  une maladie, Ă  une infirmitĂ©, Ă  une dĂ©ficience physique ou psychique ou Ă  un Ă©tat de grossesse, est apparente ou connue de leur auteur ; sur une personne dont la particulière vulnĂ©rabilitĂ© ou dĂ©pendance rĂ©sultant de la prĂ©caritĂ© de sa situation Ă©conomique ou sociale est apparente ou connue de leur auteur ; par plusieurs personnes agissant en qualitĂ© d’auteur ou de complice ».

Le salarié qui commet des actes de harcèlement sexuel est passible d’une sanction disciplinaire prononcée par l’employeur.


Où m’adresser ?


Par des actions concrètes, parfois dans l’urgence, pour protéger la salariée ou la collègue, les organisations syndicales peuvent intervenir. De nombreuses associations travaillent sur ces sujets et celui des violences faites aux femmes et peuvent accompagner les victimes dans leur démarche.

Parmi elles, on trouve :

AVFT (Association europĂ©enne contre les violences faites aux femmes au travail) : 01 45 84 24 24 avft.org

FNIDFF (FĂ©dĂ©ration nationale d’informations sur les droits des femmes et des familles) : infofemmes.com

Collectif fĂ©ministe contre le viol : 0 800 05 95 95 (appel anonyme, gratuit) cfcv.asso.fr

SolidaritĂ© Femmes : solidaritefemmes.org


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