L'inaptitude et ses conséquences

Rédigé le 12/07/2024

L’état physique ou mental du/de la salarié·e peut avoir une incidence sur son maintien au poste de travail. Si le/la médecin du travail constate une inaptitude médicale au travail, il/elle accompagne l’avis d’inaptitude de propositions telles que mutation ou transformation de poste. L’employeur est tenu de prendre en considération ces propositions et doit chercher à reclasser le/la salarié·e. C’est seulement en cas d’impossibilité que le licenciement peut être envisagé.


Comment est constatée l’inaptitude ?


L’aptitude ou l’inaptitude médicale du/de la salarié·e à son poste de travail ne peut être appréciée que par la médecine du travail.

L’inaptitude ne peut ĂŞtre constatĂ©e qu’après un examen mĂ©dical du/de la salarié·e, une Ă©tude de son poste, des conditions de travail dans l’entreprise et après avoir Ă©changĂ© avec l’employeur. Ces Ă©changes avec l’employeur et le/la salarié·e permettent Ă  ceux-ci de faire valoir leurs observations sur les avis et les propositions que le mĂ©decin du travail entend adresser. Si la mĂ©decine du travail estime nĂ©cessaire une seconde visite, celle-ci doit avoir lieu dans un dĂ©lai maximum de 15 jours calendaires.

L’avis médical d’aptitude ou d’inaptitude mentionne les délais et voies de recours.

En cas de contestation de cet avis par l’employeur ou le/la salarié·e, le demandeur doit saisir le conseil de prud’hommes, en procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e au fond, d’une demande de dĂ©signation d’un·e mĂ©decin-expert dans un dĂ©lai de 15 jours Ă  compter de la notification de l’avis mĂ©dical. Il doit en informer la mĂ©decine du travail.

La décision du conseil de prud’hommes se substitue aux avis, propositions, conclusions écrites ou indications contestés.


Quand peut être constatée l’inaptitude ?


L’inaptitude du/de la salarié·e Ă  son poste de travail peut ĂŞtre constatĂ©e :

  • dans le cadre des visites d’aptitude d’embauche ou pĂ©riodiques, rĂ©servĂ©es dorĂ©navant aux emplois Ă  risques ;
  • dans le cadre d’une visite Ă  la demande de l’employeur ;
  • dans le cadre d’une visite Ă  la demande du/de la salarié·e, sous rĂ©serve que l’employeur en soit avisĂ© au prĂ©alable (cette visite peut avoir lieu pendant un arrĂŞt de travail) ;
  • dans le cadre des visites de reprise après un arrĂŞt de travail (maladie professionnelle, congĂ© maternitĂ© ou autres arrĂŞts d’au moins 30 jours).

Cet ou ces examens peuvent donner lieu à la délivrance par la médecine du travail d’un avis d’inaptitude, qui est transmis au/à la salarié·e et à l’employeur et versé au dossier médical en santé au travail de l’intéressé·e. Seul·e·s les salarié·e·s bénéficiant d’un suivi médical renforcé peuvent obtenir un avis d’aptitude.

En vue de favoriser le maintien dans l’emploi des salarié·e·s en arrĂŞt de travail d’une durĂ©e de plus de 3 mois, une visite de prĂ©-reprise est organisĂ©e auprès de la mĂ©decine du travail Ă  l’initiative du/de la mĂ©decin traitant·e, du/de la mĂ©decin-conseil des organismes de sĂ©curitĂ© sociale ou du/de la salarié·e. Cette visite mĂ©dicale ne permet pas de dĂ©livrer un avis d’aptitude ou d’inaptitude.


Quelles sont les suites de l’avis d’inaptitude ?


Lorsque le/la salarié·e est dĂ©claré·e par la mĂ©decine du travail inapte Ă  reprendre l’emploi qu’il ou elle occupait prĂ©cĂ©demment, l’employeur est tenu de lui proposer, après avis de la reprĂ©sentation du personnel, lorsqu’elle existe, un autre emploi appropriĂ© Ă  ses capacitĂ©s, compte tenu des conclusions Ă©crites de la mĂ©decine du travail et des indications qu’elle formule sur l’aptitude du/de la salarié·e Ă  exercer l’une des tâches existantes dans l’entreprise et aussi comparable que possible Ă  l’emploi prĂ©cĂ©demment occupĂ©, au besoin par la mise en Ĺ“uvre de mesures telles que mutations, transformations de postes de travail ou amĂ©nagement du temps de travail.

Aucun·e salarié·e ne peut être sanctionné·e ou directement licencié·e en raison de son état de santé ou de son handicap.

Toutefois, le contrat de travail du/de la salarié·e reconnue·e inapte peut ĂŞtre rompu lorsque :

  • l’employeur peut justifier de son impossibilitĂ© de proposer un emploi appropriĂ© aux capacitĂ©s du/de la salarié·e ou de son refus de l’emploi proposĂ© dans ces conditions ;
  • l’employeur est exonĂ©rĂ© de son obligation de reclassement sur la base de l’avis d’inaptitude portant mention que « tout maintien du salariĂ© dans un emploi serait gravement prĂ©judiciable Ă  sa santé » ou que « l’état de santĂ© du salariĂ© fait obstacle Ă  tout reclassement dans un emploi ».

La médecine du travail formule également des indications sur l’aptitude du/de la salarié·e à bénéficier d’une formation destinée à lui proposer un poste adapté. Les possibilités de reclassement doivent être recherchées par l’employeur au sein de l’entreprise et au sein du groupe auquel elle appartient le cas échéant, situées sur le territoire national, au besoin par la mise en œuvre des mesures prévues ci-dessus (mutations, transformations de poste…). Cette recherche doit être sérieuse et loyale.

Lorsqu’il est impossible à l’employeur de proposer un autre emploi au/à la salarié·e, il lui fait connaître par écrit les motifs qui s’opposent à son reclassement.

L’obligation de reclassement est rĂ©putĂ©e satisfaite lorsque l’employeur a proposĂ© un emploi, dans les conditions prĂ©vues ci-dessus en prenant en compte l’avis et les indications du mĂ©decin du travail.


Quelle peut être la rémunération du/de la salarié·e inapte ?


Le/la salarié·e dans l’impossibilité de travailler n’est normalement pas rémunéré·e par l’employeur.

Toutefois en cas d’inaptitude professionnelle, il/elle peut être pris·e en charge pendant un mois par la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) avec une indemnité temporaire d’inaptitude (ITI). C’est le/la médecin du travail qui remet le formulaire de demande d’ITI au/à la salarié·e.

Dans tous les cas, si le/la salarié·e n’est pas reclassé·e dans l’entreprise à l’issue d’un délai d’un mois à compter de la date de l’examen médical de reprise du travail ou s’il/elle n’est pas licencié·e, l’employeur est tenu de reprendre immédiatement le paiement du salaire correspondant à l’emploi occupé avant la suspension du contrat de travail.

Ces dispositions s’appliquent également aux salarié·e·s en contrat à durée déterminée (CDD).


L’inaptitude peut-elle justifier un licenciement ?


Le contrat de travail du/de la salarié·e reconnu·e inapte peut ĂŞtre rompu. Cette rupture prend la forme d’un licenciement. La procĂ©dure de licenciement pour motif personnel doit ĂŞtre appliquĂ©e et l’indemnitĂ© lĂ©gale ou conventionnelle de licenciement doit ĂŞtre versĂ©e.

Si le licenciement concerne un·e salarié·e dont l’inaptitude est d’origine non professionnelle, le prĂ©avis n’est pas exĂ©cutĂ© et le contrat de travail est rompu Ă  la date de notification du licenciement. Le prĂ©avis est nĂ©anmoins pris en compte pour le calcul de l’indemnitĂ© lĂ©gale de licenciement.

Lorsque le licenciement intervient suite Ă  une inaptitude d’origine professionnelle, le/la salarié·e a droit Ă  une indemnitĂ© spĂ©ciale de licenciement qui, sauf dispositions de la convention collective plus favorables, est Ă©gale au double de l’indemnitĂ© lĂ©gale. Il/elle perçoit Ă©galement une indemnitĂ© compensatrice de prĂ©avis de droit commun.

Toutefois, ces indemnités ne sont pas dues par l’employeur qui établit que le refus par le/la salarié·e du reclassement, qui lui est proposé, est abusif.

Attention :

  • Si l’employeur ne peut prouver qu’il a bien cherchĂ© Ă  reclasser le/la salarié·e inapte, le licenciement peut ĂŞtre requalifiĂ© en licenciement sans cause rĂ©elle et sĂ©rieuse, voire en licenciement nul.
  • Il n’y a pas de lien automatique entre la reconnaissance par la CPAM du caractère professionnel d’un accident ou d’une maladie et la qualification professionnelle ou non de l’inaptitude.

En cas de CDD, que se passe-t-il ?


Si le/la salarié·e est titulaire d’un contrat Ă  durĂ©e dĂ©terminĂ©e (CDD), celui-ci peut ĂŞtre rompu avant l’échĂ©ance du terme en cas d’inaptitude constatĂ©e par la mĂ©decine du travail et d’impossibilitĂ© de reclassement.

La rupture du CDD ainsi prononcĂ©e ouvre droit, pour le/la salarié·e, Ă  une indemnitĂ© dont le montant ne peut ĂŞtre infĂ©rieur Ă  celui de l’indemnitĂ© lĂ©gale de licenciement et Ă©gal au double de celle-ci en cas d’inaptitude d’origine professionnelle. L’indemnitĂ© de prĂ©caritĂ©, Ă©gale Ă  10 % de la rĂ©munĂ©ration totale brute versĂ©e, s’ajoute Ă  cette indemnitĂ© de rupture.